En cours magistral : de la feuille à la table
À partir du milieu des années 1980, l’amphi E était dédié surtout à l’enseignement de l’histoire de l’art. Il était mieux équipé pour la projection d’images que son amphi jumeau situé à l’étage inférieur, l’amphi I, qui accueillait notamment les cours d’histoire.
En histoire de l’art, le rapport à l’image est essentiel. Transposant les diapositives projetées à l’écran, les étudiants esquissaient dans leurs notes de cours des croquis de plans et d’élévations architecturales, ou des schémas évoquant les mobiliers archéologiques et éléments de décors… Jusqu’au début des années 2000, les étudiants ont ainsi rempli les marges de leurs notes de ces représentations schématiques. Cela leur permettait de conserver une trace des illustrations montrées en cours, en économisant sur le coût des photocopies, avant que cette pratique ne soit remplacée par des recherches iconographiques sur internet.
Certains dessins semblent procéder d’un “glissement” de l’image projetée vers la feuille de prise de notes, puis sur le bois des tables. Parmi les graffitis figurent ainsi d’approximatives constructions, châteaux, mottes ou coupole, avec notamment un vague temple antique accompagné de la mention Le palais d’Ishtar.
Quelques dessins d’œil à l’égyptienne ou du pschent – la double couronne pharaonique – viennent ponctuer les tables. L’imaginaire médiéval est bien représenté, par des dessins de chevaliers ou d’armoiries.
Plus récurrentes, les références textuelles ou graphiques aux mousquetaires et au cardinal de Richelieu, ou encore à l’architecte Jacques Ignace Hittorff, ne passent pas inaperçues.
Quelques artistes contemporains, Paul Cézanne, Marcel Duchamp
par son œuvre LHOOQ, ou Andy Warhol ont également marqué l’amphi E de leur empreinte.
Cette pratique se retrouve dans l’amphi I, dont les tables étaient aussi couvertes de graffitis. L’amphi I n’a pas fait l’objet d’une documentation photographique systématique ; seuls subsistent quelques clichés publiés en 2006 sur le blog d’un étudiant. Ils témoignent de l’influence des cours d’histoire antique ou d’histoire maritime, avec des graffitis de soldats de la Grèce classique ou des scènes de batailles navales.
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