Expérimenter les outils, en quête de visibilité

002_200 Les étudiants ont utilisé au fil des années une large palette d’outils pour communiquer sur les tables et ils ont adapté leurs techniques dans l’espoir de laisser une trace visible et durable. Ces outils appartiennent à la culture matérielle de l’étudiant. Ce sont les différentes fournitures de bureau qu’une trousse peut contenir : pointe de compas, stylos à bille de quatre couleurs, feutres et marqueurs, surligneurs fluo et correcteurs liquides blancs – dits blanco en France.
Le chevauchement des inscriptions témoigne d’une évolution des pratiques. Les plus anciennes sont réalisées par des incisions avec une pointe de compas ou en appuyant fortement sur le bois avec la mine d’un stylo à bille. Ces premiers tracés sont de petite taille, généralement en noir ou bleu, plus rarement en rouge ou vert. L’espace utilisé reste limité.

002_5_200Avec le temps, les inscriptions se multiplient et l’encombrement de la surface oblige les étudiants à expérimenter de nouvelles techniques pour assurer une visibilité à leurs contributions plus récentes. Cette évolution répond à la nécessité d’un changement d’échelle face à la surcharge du support, et suit les innovations des fournitures de bureau démocratisées à partir des années 1980. Le blanco et les marqueurs sont les deux outils qui permettent, au cours des années 1990, de donner une plus grande ampleur aux inscriptions.
Conditionné à l’origine sous forme d’un pinceau épais, le blanco était au départ un outil d’un maniement difficile pour des tracés précis et il n’a été que rarement utilisé sur les tables avant les années 1980. Commercialisé ensuite sous la forme d’un stylo, le blanco va se généraliser pendant les deux dernières décennies, et transformer radicalement la physionomie des tables.

002_2_200L’usage du blanco permet à la fois un changement d’échelle et une inversion de valeurs. Les tracés de plus grande envergure se multiplient, jusqu’à se poursuivre sur plusieurs emplacements, comme ces frises de mousquetaires déclinées sur plusieurs tables. Les inscriptions portées au stylo à bille noir ressortent mal sur le support en bois verni d’une tonalité relativement foncée. En inversant les contrastes de valeurs, le blanco offre une meilleure visibilité.
Les aplats de blanco renouvellent aussi l’exploitation de la couleur, lorsqu’ils sont colorisés avec des feutres ou des marqueurs. Le blanco permet également de varier les effets de rendu par des dessins aux points.

Dans cette course à la visibilité dans un espace surchargé, d’autres techniques sont parallèlement utilisées par les étudiants. La pratique de l’encadrement est notamment systématisée par MIKA qui a porté sa signature au feutre rouge sur de nombreuses tables.
003_2_200On trouve aussi ponctuellement d’autres expérimentations, par exemple des ajouts de matières ou des collages : étiquettes de pommes, rubans blancs effaceurs… D’un usage plus limité, la pratique du dessin en réserve est une autre de ces solutions exploitées par les étudiants : les contours sont délimités par des aplats de couleurs, et le bois, laissé en réserve, forme le dessin. Ailleurs, un exercice de grattage esquisse une tête de bonhomme par suppression de la couche de vernis.

La dernière génération d’outils utilisés sur les tables est celle des feutres épais et marqueurs indélébiles qui permettent des dessins de couleurs vives et de grande taille. Ils ont donné naissance à des réalisations de long terme, comme cette frise de personnages inspirés du manga. Paradoxalement, certains de ces motifs les plus récents ne sont pas ceux qui ont laissé le plus de traces, dissouts par les produits d’entretien lors des nettoyages réguliers de l’amphi.

 

 

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