La scène alternative à Poitiers – 1984-1994
« « Faire qu’il se passe quelque chose dans notre région et d’abord faire tourner les musiciens actuels, qui brassent, qui touillent, qui se défendent pratiquement seuls, sans le soutien des grands médias. […] Contribuer à liquider les préjugés tenaces dont sont victimes les créateurs locaux ; trouver une alternance au centralisme qui sévit partout en matière de diffusion et de création. Faire reculer le sous-développement et la dépendance culturels de la province à l’égard de Paris. Prendre l’initiative. La décentralisation à l’épreuve du concert international. »
Ce manifeste, cette profession de foi, ici prononcés par l’association L’oreille est hardie de Poitiers, témoigne bien de la situation du paysage culturel français du début des années 1980, déchiré entre deux conceptions différentes de la culture. Cette vision semble prolonger l’état d’esprit d’une « « scène » qui, depuis la fin des années 70, réclame, en province comme à Paris, sans bruit mais avec obstination, un autre style, une légitimité. »
On voit bien ici qu’il ne s’agit pas de réclamer, mais de proclamer une action culturelle pour satisfaire cette demande croissante d’un autre style, en dehors du cadre culturel traditionnel qui reste sourd aux aspirations nouvelles de la jeunesse. C’est donc cette scène autoproclamée, qui s’affirme contre le centralisme, le sous-développement et la dépendance culturels qui va guider notre recherche, à l’échelle de Poitiers, entre 1984 et 1994. »
Maxime Vallée, La scène alternative à Poitiers (1984-1994)